Chacun de nous peut constater que l’époque actuelle est celle du “trop”. Trop d’informations, trop d’images, trop d’écrans, trop de violence, trop de problématiques planétaires. Plongés au milieu de tout cela, nous pouvons nous demander comment, en tant que parents ou professionnels exerçant auprès d’enfants ou d’adolescents, nous pouvons leur transmettre des valeurs qui soient entendues, comprises et intégrées correctement.

Comment donner du sens là où semble régner le chaos? Comment faire le poids face aux médias, séries, jeux vidéos qui diffusent sans ménagement des contenus violents ou inappropriés à des enfants en développement ?

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Instaurer une communication saine pour transmettre des valeurs

En tant qu’être humain nous possédons deux précieux outils de communication: la parole et les émotions. Nous pouvons ainsi utiliser ces outils à bon escient et transmettre des valeurs en instaurant:

  • Un contexte calme et serein. Par exemple, il ne sera pas productif de tenter de faire comprendre l’importance de la politesse à un enfant en parlant fort au milieu d’une foule. Dans ce cas, il vaut mieux privilégier un tête à tête dans un endroit calme. De cette manière, il n’y aura pas d’interférence et le message pourra être clairement entendu (au sens propre comme au sens figuré!).
  • Un contact visuel en nous positionnant à la hauteur de l’enfant. Il est nécessaire de regarder l’enfant dans les yeux et de lui demander de faire pareil. Une fois le contact visuel établi, l’enfant est alors concentré sur ce que nous allons lui dire. Il ne faut pas perdre le contact visuel durant toute la durée de l’échange, afin de s’assurer que l’enfant ait compris l’importance de notre message.
  • Un discours authentique basé sur notre propre expérience. Par exemple, si nous souhaitons aborder le fait que mentir amènera forcément des ennuis, à court ou à long terme, nous pouvons relater un mensonge que nous avons raconté et les conséquences qu’il a eu. De cette manière, nous montrons à l’enfant qu’il nous est arrivé de commettre des erreurs, qu’elles ont eu des conséquences néfastes et que nous en avons tiré une expérience. L’enfant va alors se rendre compte que, tout comme lui, nous ne sommes pas parfaits. Il va comprendre que nous pouvons nous améliorer mais que pour cela il faut être honnête avec soi-même en reconnaissant les conséquences de nos paroles et actes.
  • Un partage d’expérience. Après avoir illustré une valeur qu’il nous tient à cœur de transmettre, nous pouvons inviter l’enfant à chercher à son tour un exemple. Nous créons ainsi un dialogue basé sur la similarité, et non pas sur la supériorité de l’adulte sur l’enfant. Par exemple, nous pouvons évoquer la beauté de l’entraide en mentionnant les fois où nous avons aidé notre voisine à monter ses courses et qu’elle nous a remercié en nous offrant le thé. Nous pouvons ensuite demander à l’enfant s’il lui arrive d’aider ses camarades à l’école par exemple. De cette façon, il se sentira mis en valeur et responsable en nous montrant qu’il aide lui aussi les autres.

Initier un dialogue autour des peurs universelles pour transmettre des valeurs

La crise sanitaire, le confinement, le sentiment de solitude, les conflits mondiaux, la maladie et la mort sont autant de sujets qui nous concernent tous, malgré nous, depuis deux ans. Nous pouvons faire de ces situations difficiles une force en dialoguant grâce à elles. Au lieu de nous miner le moral, nous pouvons initier avec nos enfants un dialogue mutuellement constructif en évoquant:

  • Notre peur de ne pas contrôler la situation. Les parents souhaitent tous pouvoir créer un cadre sécurisant pour leurs enfants. Mais parfois les conditions extérieures viennent mettre à mal leurs efforts et leurs sacrifices. Nous pouvons expliquer à nos enfants que certaines choses ne dépendent pas seulement de notre bonne volonté. Nous nous montrons alors vulnérables et cela prouve à l’enfant que nous sommes confiants et que nous savons que son amour pour nous ne diminuera pas.
  • Notre peur de l’inconnu. Nous avons choisi un travail, un(e) partenaire de vie, un lieu où vivre et construire notre vie de famille. Nous avons réalisé ces choix en fonction de nos besoins, valeurs, rêves. La crise sanitaire a perturbé notre équilibre en nous contraignant à nous adapter à d’autres réalités. Nous pouvons expliquer à nos enfants que ce qu’ils vivent actuellement n’est pas ce que nous souhaitions pour eux. De cette manière, nous abordons le fait que la vie est faite d’imprévus. Nous pouvons ainsi les inviter à développer leurs capacités d’adaptation.

  • Notre peur de perdre notre identité. Lorsque tout semble s’écrouler autour de nous et que nos repères sont chamboulés, nous pouvons nous sentir dépossédés de nous-mêmes. Nous pouvons alors parler à nos enfants de l’enfant que nous étions, de nos expériences passées et de nos rêves. L’enfant comprendra alors la continuité qu’il y a entre l’enfance et l’âge adulte, et que papa et maman ont eux aussi été des enfants, comme lui. En nous remémorant notre enfance, nous pourrons peut-être nous reconnecter à notre être véritable tout en permettant à l’enfant de se projeter vers son être en devenir.
  • Nos peurs de la maladie et de la mort. Il est tout à fait sain et normal de se poser des questions sur la maladie et la mort dans un contexte de pandémie et de conflits mondiaux. Les enfants n’ont cependant pas la même compréhension que les adultes au sujet de la mort. Suivant leur âge, ils peuvent croire que la mort est un sommeil qui dure longtemps. Nous pouvons alors leur expliquer de manière adaptée, en douceur et selon leur niveau de compréhension, que la mort est universelle et définitive. Nous leur disons la vérité et cela, les enfants ne le reprochent jamais .

Passer à l’action pour transmettre des valeurs 

Anxiogène et incertain, le contexte actuel est impermanent et sujet à évolution. Si nous ne pouvons pas agir sur les circonstances extérieures, nous avons toujours la possibilité de cultiver et de pacifier notre intériorité.

Nous pouvons ainsi inciter les enfants à développer et à pratiquer:

  • La définition de leurs besoins. Un enfant a besoin de pouvoir identifier ce qui lui procure de la joie, de la colère ou de la tristesse. Il pourra ainsi privilégier les situations qui l’apaisent et le stimulent, et éviter celles qui l’énervent ou l’apeurent. Cela vaut également pour les activités “subies” ou contraintes comme les devoirs à faire à la maison par exemple. Si un enfant sait qu’il dispose d’une heure pour les réaliser car il lui faut ce temps pour lire et comprendre les consignes, il est capital de respecter ce temps dédié et de ne pas l’écourter pour une raison ou pour une autre.
  • Les bénéfices de l’entraide. En ces temps où l’argent, le pouvoir et la réputation sont glorifiés, il est utile de rappeler aux enfants que d’autres manières de faire existent. Nous pouvons donner (des objets, du temps, de l’argent), échanger (des objets, des savoirs-faire, des services), réparer. Cela crée du lien et permet de conserver des biens sans avoir besoin d’en racheter des neufs. Au delà de l’aspect financier, cela permet d’apprendre à se servir de l’existant et de développer des compétences (par exemple apprendre à coudre un ourlet ou à peindre un meuble).
  • L’imagination. Au travers des lectures, des échanges avec les autres mais également de films inspirants, développer l’imagination permet de nous constituer un refuge personnel. Nous pouvons alors nous y plonger dès que nous le souhaitons. De ce fait, plus notre univers imaginaire sera riche, plus nous aurons du plaisir à le retrouver pour nous apaiser, nous faire rire, nous faire du bien à l’esprit et au cœur. Les enfants n’ont nullement besoin des adultes pour cela! Ils savent instinctivement se raconter des histoires et jouer avec ce qu’ils ont sous la main. Nous pouvons cependant utiliser chaque instant et chaque situation pour les occuper en développant leur imagination. Dans une file d’attente, nous pouvons par exemple attirer leur attention sur un détail (une forme, une couleur, une odeur). L’enfant n’aura alors pas l’impression de s’ennuyer et sera au contraire ravi d’avoir une tâche sur laquelle se focaliser.
  • Les bienfaits du respect de la vie sous toutes ses formes. Qu’ils s’agissent des personnes, des animaux, de la nature et ou la planète en général, dès lors que nous sommes respectueux, nous jouissons d’une paix intérieure et d’un bien-être indiscutables. Nous pouvons par exemple expliquer aux enfants qu’il est nécessaire de jeter nos détritus dans les poubelles dédiées car si nous ne le faisons pas nous risquons de: polluer inutilement le sol, causer indirectement du mal à des animaux (les oiseaux peuvent confondre le chewing-gum avec des miettes de pain et s’étouffer avec), causer involontairement un accident (si quelqu’un glisse sur une crotte de chien non ramassée par exemple). De cette façon, nous rendons l’enfant responsable de ses actes et lui apprenons que nous sommes tous liés les uns aux autres.
Diverses mains levant les cœurs fournissant la campagne BLM sur les médias sociaux p

Enfin, nous pouvons nous servir du contexte actuel pour exprimer à nos enfants que chacun fait de son mieux, avec ses possibilités et ses manques. Qu’il s’agisse des dirigeants, de la maîtresse d’école, des copains, des voisins, de maman ou papa, chacun de nous fait l’expérience de cette période troublée.

Nous avons tous des raisons de nous sentir en colère, triste ou d’avoir peur. Dans le fond, les valeurs à mettre en lumière en 2024 ne seraient-elle pas la compassion, la tolérance et l’empathie?