Je profite de ce que j’ai glané d’une intervention de groupe que j’ai faite ce week-end pour vous parler des pleurs de nos bébés et de la vie des mamans. Je suis intervenue pour Graines d’autonomie (voir ici), qui est une association prônant l’éducation bienveillante et respectueuse. Elle est destinée aux parents, futurs parents et à toute personne concernée de près ou de loin par l’éducation d’un enfant. Elle propose différentes activités dont le but est l’échange d’expériences.

Partant de quelques notions sur la théorie de l’attachement de Bowlby (1978), qui est une théorie de la relation entre la mère et l’enfant postulant que ce lien se forme à partir de l’équilibre qui se joue entre la figure parentale et le milieu extérieur.

La « qualité » de l’attachement à la figure maternelle est ici considérée comme impactant le sentiment de sécurité de l’enfant et sa « capacité » à explorer le monde. Ce que « j’aime » dans cette théorie c’est qu’elle considère les pleurs de bébé comme un comportement d’appel…et non comme un caprice!!! De même les pleurs de l’enfant stimule l’attachement avec la mère et active sa « capacité » à donner du soin.

Pour bébé, pleurer: c’est demander de partager et d’interagir avec la mère, ce n’est pas casser les pieds de l’entourage ou « vouloir faire sa loi », comme j’ai pu l’entendre des témoignages des remarques désobligeantes que les mamans ont confié se voir assénées parfois.

Comme je le précise lorsque j’interviens en groupe, ce qui me plait c’est de favoriser et de lancer une réflexion, aussi avons-nous abordé (brièvement et vraiment à titre introductif) les différentes types d’attachement sous forme de questions/réponses et d’échanges sur ce que nous avions pu constaté de ce que représentent:

– Un attachement sécure où la figure maternelle s’est montrée, grosso modo, toujours réceptive aux besoins de l’enfant. Ce qui a pour conséquence concrète, en théorie, que lorsqu’elle s’absente, bébé pleure puis se calme plutôt facilement et commence à explorer l’environnement de manière sereine. En effet dans ce cas de figure, qui est le plus enclin à l’autonomie, l’enfant s’auto-régule, ou autrement dit se rassure et se trouve content de retrouver maman lorsqu’elle revient.

– Un attachement insécure-évitant où typiquement l’enfant a tendance a masquer sa détresse par le détachement lorsque maman s’absente tout en s’accrochant à un jouet par exemple c’est à dire à l’environnement physique. Bébé geint tout en rejetant l’adulte lorsqu’il vient et sa venue ne semble pas le soulager. Ici l’étape dite du « holding » semble avoir échouée notamment si la figure maternelle a des difficultés avec le contact physique.

– Un attachement insécure-ambivalent se caractérise également par des protestations lors de la séparation or l’enfant ne semble pas se rassurer par la suite. Avec l’adulte, il oscille entre la recherche de contact et la résistance. Il veut être porté mais ne se trouve pas satisfait par le portage par exemple. En théorie, c’est le type d’attachement qui est le moins enclin à l’autonomie. Souvent la figure maternelle se caractérise par des réactions imprévisibles, par une attitude et une réflexion incohérente. Tantôt elle est réceptive aux besoins de son enfant, tantôt elle l’ignore.

– Un attachement désorganisé est le type d’attachement qui, à mon sens, doit attirer le plus l’attention. Ici l’attitude de l’enfant est très contradictoire, inconsistante et déroutante même. Il agrippe et regarde ailleurs par exemple. Il est présent tout en semblant ailleurs. Souvent cela est dû à de la négligence grave ou à de la maltraitance. Bien sûr, il advient de s’accorder sur ce que renvoient ces termes et je tiens à préciser qu’il convient également d’interpréter ces signes avec prudence tant il est vrai qu’ils peuvent être révélateur de troubles comme l’autisme par exemple.

J’ai remarqué que cette session d’analyse de l’attachement a interpellé chacune sur non seulement sa relation avec ses enfants mais également sur sa propre sécurité. En effet, cette théorie est vraiment intéressante en ce qu’on en peut également en tirer comme hypothèse sur le fonctionnement des adultes!

Pour en venir à proprement dit sur les pleurs, j’ai, en dépit du titre, balayé rapidement l’éventail des pleurs avec les mamans. En effet, elles savent déjà bien à quoi ils peuvent renvoyer (faim, inconfort de propreté, indicateur thermique, besoin de câlins, besoin de dormir, inconfort environnemental, inconfort manipulatoire, mode « éponge des ressentis négatifs », coliques, dents qui poussent, etc.). Ce qui m’a semblé important lors de cet échange sur les pleurs à proprement dit, c’est que les mamans sentent qu’elles montent en compétence au fur et à mesure sur leurs capacités à non seulement identifier quels pleurs renvoient à quelles demandes mais également à distinguer ce qui est plus ou moins urgent.

Nous avons conclu l’échange par le sujet ouvert suivant:  » Comment vit on les pleurs? ». Je vais de facto vous laisser, vous lecteurs, avec quelques-unes des réflexions qui ont tramé notre « débat »:

Notre attitude trahit-elle plutôt une attitude reposant sur l’anticipation, basée sur la logique et l’expérience, ou dans l’appréhension c’est à dire basée sur des peurs ou des craintes?

Qu’est-ce qui dans notre gestion de notre bébé trahit une gestion de soi à travailler en premier lieu ?

Mes réactions sont-elles conduites parfois par une certaine culpabilité? D’où vient cette culpabilité ?

Est-ce que mes ressentis me poussent beaucoup à m’évaluer comme une mère insuffisamment bonne ?

De l’importance d’être convaincue de ces choix éducatifs pour ne pas se laisser déstabilisée par un entourage qui n’y adhère pas ou peu.

C’est vraiment génial de voir des mamans, expérimentées ou néophytes: échanger, se conseiller, se rassurer avec sincérité et sans se juger surtout. Car au delà des analyses de bébé et de ses pleurs, nous avons bien vu que se dégagent deux thématiques majeures dans la vie d’une maman: sa gestion personnelle (fatigue, colère, frustration, etc.) pour s’occuper de son bébé et l’image qu’on lui renvoie et qu’elle se construit de sa « capacité » de mère. Les mères se sentent très jugées dans leurs choix éducatifs, je dirai même qu’elles se sentent niées parfois.

Merci encore à L’association Graines d’Autonomie (grainesdautonomie@gmail.com) de contribuer à la déculpabilisation et à l’épanouissement bienveillant des parents .

Bien à vous,