« La douleur physique a toujours des gémissements à exhaler, des larmes à répandre ; la douleur morale n’a souvent ni la consolation des gémissements, ni le soulagement des larmes »

(Ballanche, 1808)

Si vous êtes atteint d’une maladie qui engendre de la douleur chronique, c’est-à-dire de la douleur ressentie quotidiennement alors vous vous sentez surement fatiguée, éreintée de cela.

Tout devient un combat et les efforts physiques vous font peur.

Vous pouvez vous sentir prisonnière de votre corps, prisonnière de vous-même et de ce que vous vous sentez capable de faire.

La douleur épuise le corps et l’esprit.

Elle est insidieuse et impacte toutes les sphères de la vie.

Elle nous met face à une incapacité et cette dernière peut à terme, impacter notre qualité de vie et notre état émotionnel.
La douleur chronique ne sert pas de message d’alarme comme la douleur aiguë. Elle est récurrente et s’inscrit dans votre histoire de vie comme un symptôme permanent avec lequel vous devez composer, même si vous n’en avez pas envie, et surtout, avec l’idée que quoi que vous fassiez, la douleur pourra ressurgir.

De fait, elle s’associe à des comportements (je vais arrêter de faire des balades l’après-midi), des pensées (j’aurais mal toute ma vie, je ne suis qu’une bonne à rien,) et des émotions négatives (je suis triste).

Face à une douleur constante et à tout ce qu’elle vient impacter, vous ressentez surement de la solitude, de la peine, de l’injustice et parfois même de la colère.

Pourquoi vous et pas les autres ?

Pourquoi toujours comparer la douleur ?

Pourquoi ne pas être entendue, écoutée ?

La douleur est propre à chacun

En ce sens elle est subjective. Pourtant, elle implique le plus souvent une lésion, un trouble organique qui lui est objectif. Alors pourquoi subjective ? Pourquoi ma douleur n’est pas la même que la tienne ? Pourquoi les autres ne peuvent pas vraiment comprendre ma douleur ?

Et bien parce que la douleur dépend de plusieurs autres choses que la seule lésion organique.

Et c’est pour ça que personne n’a le droit de remettre en cause votre douleur.
Certaines composantes de la douleur, comme la composante affective et émotionnelle et la composante cognitive impactent votre ressenti.

La perception de vous avez de votre douleur est intime.

Personne ne peut la ressentir, ni même la comprendre. Elle dépend de chaque individu, du contexte, de l’origine de la douleur (on ne vit pas de la même manière des douleurs d’accouchement que des douleurs de crise d’endométriose par exemple.) Elle dépend aussi de vos expériences douloureuses passées, de votre manière de gérer la douleur.

Votre douleur a vous est UNIQUE. Elle ne peut pas être comparée à d’autres.

Chacun de nous vivons de manière différente la douleur.

Cette différence n’est pas le reflet du niveau de douleur ressenti, mais de toutes ces différences personnelles, des ressources qui nous composent. Et pourtant, combien de fois entendons-nous des personnes que nous aimons et qui nous veulent du bien comparer leur douleur à la nôtre pour la minimiser ?

Pour les autres : minimiser notre douleur c’est tenter de la rapprocher de la douleur qu’il connaisse. Et connaître, c’est rassurant.

« Alors si je sais ce que tu ressens, je peux te comprendre et t’aider, je suis rassurée. »

Vous avez le droit d’avoir mal. Vous avez le droit de flancher. La douleur constante épuise, rend vulnérable le corps et l’esprit. Vous n’avez pas à tout accepter et à rester forte en toutes circonstances. Vous avez le droit d’avoir besoin d’aide. D’avoir besoin d’une pause.
Prendre soin de soi ne devient plus une possibilité, c’est vital pour continuer.

La douleur constante est un réel traumatisme.

Elle devient une personne à part entière tant elle peut prendre de la place dans votre vie. Elle vous a surement volé des moments précieux, des amis de longue date, elle vous a mis face à ce que vous ne pouviez pas faire, alors qu’en réalité, vous réalisez des merveilles chaque jour. Ne laissez pas les autres vous dire quoi faire, comment ou quoi ressentir et ne laissez pas à la douleur tout ce pouvoir.

 

La douleur n’a jamais à être remise en question.

Elle doit être écoutée, légitimée, et peu importe qu’elle augmente avec votre peur, vos doutes et vos craintes, il s’agit quand même de la douleur et elle doit être prise en charge

Si la douleur vous accompagne dans votre vie, vous pouvez apprendre à l’apprivoiser, à la rendre plus silencieuse, à la contrôler presque. Elle tentera parfois de se faire moins discrète et de reprendre le dessus.

La douleur n’est pas un ennemi à combattre sous peine d’épuisement, mais à comprendre.

Laissez-vous traverser par vos émotions. Vous avez le droit de ressentir de la colère, de la tristesse, de la frustration. Ces émotions sont la réalité de votre vécu, de votre ressenti. Acceptez de parfois poser un genou à terre pour mieux vous relever, moins douloureuse, moins fatiguée. Apprenez à dire « stop » et à ne pas trop subir. Savoir quand s’arrêter pour mieux repartir, c’est ça qui est courageux, qui est louable. La société cherche à nous faire croire qu’il faut sans cesse être dans la performance, telle des machines, sans défaut, imperturbable, avec un rendement incroyable. Mais même les machines ont besoin d’être rechargées.

Acceptez d’être vous, avec ou sans douleur.

Comme une particularité, une différence, qui fait de vous quelqu’un de particulier, d’endurant, de combattif et de courageux. Vous aurez parfois besoin qu’un psychologue spécialisé dans la prise en charge de la douleur vous donne des pistes, pour avancer. Vous aurez parfois besoin de cette béquille pour envisager d’autres chemins. N’oubliez pas, vous êtes votre propre ressource et vous êtes unique.

Prenez soin de vous.